341 000 €
C’est le montant, hors taxes, des travaux de restauration du boulevard de la 2ème et 202ème de ligne. Grâce à l’inscription de l’enceinte à l’inventaire des monuments historiques en 2004, la Ville bénéficie de 25 % de subvention par la DRAC.
Richard Derouet assure l’exécution des travaux de restauration de la falaise du boulevard de la 2ème et 202ème de ligne depuis leur commencement le 18 mars 2019. Les murs du quartier historique de Granville n’ont quasiment plus de secrets pour le tailleur de pierre qui a déjà restauré la rue du Nord et le square Maurice Marland pour le compte de l’entreprise Bodin. En 2020, si le conseil municipal le vote au budget, le Coutançais de 32 ans devrait s’atteler à la place du Marché aux chevaux.
Comment vous êtes-vous formé au métier de tailleur de pierre ?
J’ai fait un CAP (Certificat d’aptitude professionnelle) Tailleur de pierre et un BMA (Brevet des métiers d’art) Graveur sur pierre au lycée professionnel La Roquelle, à Coutances. J’ai ensuite effectué un BP (Brevet professionnel) Métiers de la pierre au CFA UNICEM (Centre de formation d’apprentis Union nationale des industries de carrières et matériaux), à Louvigné-du-Désert, en Ille-et-Vilaine. J’ai poursuivi cette dernière formation de deux ans en apprentissage au sein d’une entreprise de Coulouvray-Boisbenâtre, dans la Manche.
Vous faites donc ce métier depuis quelques années…
Oui, je n’ai jamais fait autre chose ! J’ai douze ans d’ancienneté dans l’entreprise Bodin.
(Une pierre tombe)
Votre métier est-il dangereux ?!
(Il rit) Ça arrive ! Quand on travaille à la pelle, on est un peu éloigné donc c’est moins dangereux mais on porte quand même toujours un casque. Ici, sur l’enceinte de la Haute Ville courant de la Porte des Morts à la Maison du Guet, on fait attention ! Il y a parfois d’importants blocs de pierre qui se détachent. C’est une roche qui a des veines dans tous les sens, elle peut se casser d’un moment à l’autre.
Êtes-vous tributaire de la météo ?
Plus ou moins. C’est plus difficile de travailler lorsqu’il pleut ou qu’il y a du vent car il faut se protéger mais généralement c’est possible. Ce qui nous arrête, par contre, c’est lorsqu’il gèle en hiver.
Quel regard portez-vous sur votre métier ?
C’est un beau métier ! On fait de tout, de la taille de pierre, de la maçonnerie… On travaille sur des châteaux, des pigeonniers… L’année dernière, j’ai travaillé neuf mois sur l’église de Bricqueville-sur-Mer où on a fait de la peinture à la chaux. C’est enrichissant d’être polyvalent !
Les travaux que vous conduisez actuellement sur l’enceinte de la Haute Ville consistent à purger le rocher fracturé, déposer la maçonnerie instable, remonter un mur maçonné sur une assise saine et refaire les joints. Pourquoi faire tout cela ?
La roche est friable. Elle risque de tomber. Il y a d’ailleurs déjà eu des chutes de pierres… C’est pour cela qu’il y a eu des grillages à cet endroit pendant trois ans. On voit bien qu’il y a des morceaux qui se détachent en partie haute. Les rustines de moellon qui avaient été mises sont déjà décollées par la végétation. Comme on n’a pas assez d’épaisseur pour avoir une assez bonne assise en sous oeuvre, on doit reprendre entièrement le mur.
Comment vous y prenez-vous ?
On travaille par tronçons pour limiter l’effort du mur au maximum. On casse la roche jusqu’au nu du mur et après on recreuse sur au moins 50 centimètres de profondeur pour avoir une bonne assise de la pierre. On rajoute ensuite dans notre maçonnerie des boutisses (grandes pierres) qui prennent la totalité du mur et qui permettent d’avoir de grandes emprises.
Combien de temps vont durer ces travaux ?
Dix mois. On a besoin de ce temps car on travaille pierre par pierre et que le montage à la chaux nécessite un minimum de séchage.
Combien de personnes travaillent sur le chantier ?
On était deux au début. Aujourd’hui, on est quatre en moyenne car on a une équipe sur la tour (la Porte des Morts) qui fait le rejointoiement, remplace les pierres si nécessaires, enlève le béton des meurtrières et reproduit les briques à l’identique.
Quelle technique utilisez-vous ?
On travaille en chaux aérienne qu’on hydrolyse nous même pour qu’elle soit plus solide. C’est une méthode à l’ancienne. Nous sommes quand même spécialisés dans la restauration de patrimoine ancien !
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