L’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) désigné par la Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC) assure, depuis le lundi 31 août 2020, la conduite opérationnelle du diagnostic archéologique préventif du Logis du Roi.
Cette opération s’inscrit dans le cadre du projet de réhabilitation du Logis du Roi et de ses abords en vue du déploiement du Musée d’art et d’histoire de Granville.
Le contexte
Le diagnostic archéologique préventif du Logis du Roi découle d’un événement survenu en 2015.
« C’est en exhumant un faux plafond [du Logis du Roi] durant des travaux de rénovation qu’on a découvert l’ampleur des dégradations », raconte Brigitte Richart, conservatrice des musées de Granville, en montrant du doigt le plafond en ruine du bâtiment.
Cette découverte est à l’origine de la fermeture du Musée d’art et d’histoire de Granville pour raisons de sécurité en novembre 2015.
Depuis, le monument en partie classé aux Monuments Historiques, a fait l’objet d’un diagnostic technique et architectural approfondi, conduit par l’Etablissement Public Foncier de Normandie (EPFN), qui en a assuré la maîtrise d’ouvrage par délégation de la Ville de Granville.
« Chaque opération a été faite en concertation avec les services de l’Etat (Direction Régionale des Affaires Culturelles de Normandie) », assure Brigitte Richart.
L’objet du diagnostic archéologique préventif
Compte-tenu de l’histoire complexe du bastion du Logis du Roi, deux types de travaux sont conduits : une étude archéologique des élévations (archéologie du bâti) et des sondages introspectifs du sous-sol (bastion et square Potel).
« La DRAC prescrit un diagnostic lorsque des travaux peuvent être invasifs sur des vestiges », indique Hélène Dupont, responsable du diagnostic archéologique du Logis du Roi.
Sans l’archéologie préventive, des vestiges parfois ténus mais essentiels pour la compréhension du passé seraient irrémédiablement détruits, des pans entiers de l’histoire resteraient à jamais ignorés.
L’équipe de l’Inrap qui intervient sur le bastion qui protégeait l’accès principal de la ville médiévale ceinturée par une fortification a déjà fait un certain nombre de découvertes. « Nous savons déjà que beaucoup d’éléments de construction de la porte d’origine datent du 15e siècle. Il y a eu beaucoup de récupération. »
« Ma collègue, Elen Esnault, qui est archéologue du bâti, enregistre toutes les anomalies du bâtiment, poursuit Hélène Dupont, en charge de l’étude documentaire préalable. Nous sommes là pour lire dans les maçonneries un potentiel disparu. »
Accompagnées de deux techniciens, les deux archéologues sondent le bastion et étudient son mobilier archéologique. « Cela permet de déterminer s’il a été construit en plusieurs phases et comment. »
Et après ?
- Les archéologues exploitent et interprètent les données relevées sur le terrain puis rédigent un rapport qu’ils partagent avec la communauté scientifique.
- Selon les résultats du diagnostic, l’État peut prescrire une fouille dont les découvertes permettent de comprendre l’évolution d’un site au cours du temps.
- Pendant les fouilles, des actions culturelles et éducatives permettent de diffuser les connaissances auprès du grand public : ateliers scolaires, visites de chantiers, conférences, presse, publications, expositions, films etc.
Le diagnostic archéologique préventif est financé par une redevance dite redevance d’archéologie préventive (RAP) due par toute personne qui réalise des travaux touchant le sous-sol.
Le calendrier prévisionnel du diagnostic communiqué par l’Inrap
Déroulement envisagé du 31 août au vendredi 11 ou jeudi 17 septembre 2020 (sous réserves des découvertes) :
Semaine 1 :
- Observation des parties hautes du bastion avec une nacelle à bras articulé (au moins lundi 31/08 et mardi 01/09)
- Sondages à la pelle mécanique dans la cour du bastion pour effectuer les sondages sédimentaires
Semaine 2 :
- Fin des sondages dans les parties hautes (lundi 07/09) et observation des parties basses du bastion
- Début des sondages à la pelle mécanique dans le square (à partir du mardi 08/09)
Semaine 3 :
- Poursuite éventuelle des sondages dans le square
Une restitution lors des Journées européennes du Patrimoine 2020
Une restitution du diagnostic archéologique préventif mené au Logis du Roi et dans le Jardin de l’Œuvre sera présentée par Hélène Dupont, archéologue à l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives), responsable scientifique de l’opération de Granville, à l’occasion des Journées européennes du Patrimoine 2020.
Pour y assister, rendez-vous samedi 19 septembre prochain, à 10h, 11h, 14h, 15h et 16h, dans le Jardin de l’Œuvre, 2 rue Lecarpentier, à Granville.
Effectif réduit. Sur réservation auprès du Musée d’art moderne Richard Anacréon : 02 33 51 02 94.
Les acteurs du diagnostic archéologique
L’Inrap
L’Institut national de recherches archéologiques préventives est un établissement public placé sous la tutelle des ministères en charge de la Culture et de la Recherche. Il assure la détection et l’étude du patrimoine archéologique en amont des travaux d’aménagement du territoire. Il réalise chaque année plus de 2 000 interventions sur le terrain (diagnostics et fouilles archéologiques) pour le compte des aménageurs privés et publics, en France métropolitaine et outre-mer.
Ses missions s’étendent à l’analyse et à l’interprétation scientifiques des données issues des fouilles ainsi qu’à la diffusion de la connaissance archéologique.
La DRAC
Placée sous l’autorité du préfet de région, la DRAC met en œuvre la politique du ministère de la Culture. Le service régional de l’archéologie pilote la politique d’étude, d’inventaire, de protection et de conservation du patrimoine archéologique sur le territoire régional conformément au livre V du code du patrimoine. En matière d’archéologie préventive, le Service régional de l’archéologie, instruit tous les dossiers d’urbanisme régionaux, et propose au Préfet de région les mesures d’archéologie préventive visant la sauvegarde des informations menacées de destruction. Il assure alors le contrôle scientifique et technique les mesures prescrites par arrêté préfectoral : prospections, relevés, diagnostics, fouilles, ainsi que les rapports rendus.
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