Le 25 avril dernier, Mireille DENIAU – Adjointe au Maire en charge de la culture, du patrimoine historique et des droits des femmes – et Pierre-Jean BLANCHET – Adjoint au Maire en charge de l’urbanisme, ont réuni les représentants des associations patrimoniales dont « Saint Paul Demain », afin d’échanger sur le devenir de l’église Saint-Paul. Retour sur les enjeux et les perspectives, à l’issue de cette démarche de concertation.
Saint-Paul, la genèse
La construction de l’église Saint-Paul à Granville s’est étendue de 1891, et s’est interrompue, peu de temps avant la Seconde Guerre mondiale, la laissant inachevée. Le chœur prévu dans le projet architectural initial ne sera en effet jamais construit. La salle paroissiale sera créée en 1965, sur son emprise. Le dôme, quant à lui, a été ajouté par l’architecte RAVOUS en 1904.
L’église Saint-Paul s’inscrit ainsi depuis le début du XXème siècle dans le paysage granvillais, sa silhouette constituant un véritable amer pour les marins. Son style byzantin rappelle par ailleurs les édifices remarquables tel que le Sacré Cœur à Paris, ou Notre-Dame de la Garde, à Marseille.
1999, des pathologies révélées
En 1999, un diagnostic sanitaire mené par l’architecte du patrimoine révèle de lourdes pathologies, liées à la structure même de l’édifice. A l’issue de la tempête du 26 décembre, le constat est sans appel : l’accueil du public dans l’église est compromis. En cause, l’utilisation de matériaux de densité différente, fragilisant la pierre ; le risque d’effondrement du dôme, lié à la corrosion des barres de fer qui le soutiennent, et l’explosion des vitraux par les barres d’acier oxydé. L’église souffre également d’infiltrations d’eau. Des travaux de purge sont alors réalisées chaque année.
Le 2 octobre 2003, un arrêté municipal interdit définitivement l’accès du public à l’église. La salle paroissiale accueillera ensuite les offices, jusqu’en 2014.
Cette fermeture entraîne de facto une réflexion sur l’avenir de Saint-Paul, l’association « Saint-Paul Demain » voit le jour.
Saint-Paul, les scénarii de reconversion, dans le respect du lieu de culte
De 2010 à 2012, la Municipalité confie au cabinet Médiéval la mission d’élaborer plusieurs propositions de reconversion de l’église, avec un prérequis : conserver un espace dédié au culte.
Un projet sans doute trop ambitieux financièrement (un coût estimé à plus de 10 millions d’euros HT), et un cadre juridique totalement inédit : la désaffectation partielle de l’église. Projet finalement abandonné en phase de recherche de financements.
Saint-Paul, aujourd’hui
Un constat s’impose : malgré les travaux engagés (pour un montant de 337 375 € depuis 1999), et les campagnes annuelles de purge préventive (100 à 150 kg de matière sur le point de tomber récoltée chaque année), le bâtiment continue de se dégrader.
La célébration du culte qui se déroulait dans la salle paroissiale a pris fin en 2014. Les cloches ont dû cessé de sonner pour éviter que les vibrations n’accélèrent le processus de détérioration du bâtiment.
La remise en état de l’église atteindrait des coûts que la collectivité ne pourrait supporter financièrement.
La demande de désaffectation totale de l’édifice, constitue alors l’alternative la plus réaliste. Cette démarche de désaffectation induit un changement de destination du bâtiment. Début avril 2017, la Municipalité formule cette demande auprès de l’Evêché, qui en fait l’étude. Parallèlement, les services de la Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC) sont consultés. Afin de sauvegarder le patrimoine immobilier, 19 objets classés ou inscrits à l’inventaire des Monuments Historiques doivent être déplacés – selon la nature de l’objet – dans les églises de Granville, ou en dépôt au sein d’édifices religieux telle que la Cathédrale de Coutances. En accord avec l’Eglise, les services de la DRAC et de la Conservation des Antiquités et Œuvres d’Art se saisissent de la question.
Des outils d’urbanisme au service du devenir de l’édifice
L’église Saint-Paul est incluse dans le périmètre de protection des remparts de la Haute Ville. Toute demande de travaux extérieurs est ainsi préalablement soumise à l’avis de l’Architecte des Bâtiments de France.
La révision du Plan Local d’Urbanisme qui doit faire l’objet d’une approbation par le Conseil municipal le 29 mai prochain, prévoit un classement en zone urbaine mixte de centralité – Uab – du secteur intégrant Saint-Paul.
En outre, dans le cadre de la poursuite de la démarche de labellisation Pays d’Art et d’Histoire dans laquelle Granville est engagée au côté de Saint-Pair, Jullouville et Carolles, un nouvel outil est en cours de création : l’Aire de mise en Valeur de l’Architecture et du Patrimoine (AVAP). Ce dispositif permet de définir les zones à degrés de protection variable (du Monument Historique au secteur de projet). Dans ce cadre, Saint-Paul fera l’objet de prescriptions particulières. Cet outil remplace, à une échelle plus grande, les anciennes ZPPAUP (zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager), dont le site de la Haute Ville bénéficie.
Un consensus sur le devenir de Saint-Paul
La réunion de concertation du 25 avril dernier qui a notamment rassemblé les représentants de l’association Saint-Paul demain, des Amis de l’Anse de Hérel, de l’association Vie et Mémoire du Vieux Granville, et le directeur du service des Arts sacrés de l’Evêché de Coutances, a permis d’acter la démarche de désaffectation totale de l’église. Le principe de sortie d’une seule maîtrise d’ouvrage communale, afin d’envisager des partenariats avec d’autres opérateurs a également fait l’objet d’un consensus. Un appel à projet pourrait ainsi voir le jour, poursuivant un objectif triple : garantir une viabilité économique, constituer un projet innovant et dans le respect de la dimension patrimoniale du bâti, répondre à la dimension sociétale, tout en offrant la possibilité d’une destination et d’une apparence différente pour l’édifice.
L’avenir de Saint-Paul peut ainsi être envisagé, dans un climat apaisé.
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